" Gérard Mortier s'est imposé une mission : il veut sauver l'opéra " - Peter Sellars, 1991
À l'occasion des dix ans de sa disparition, plongez au coeur de la vision de Gerard Mortier, Directeur général de l'Opéra national de Paris de 2004 à 2009, à travers ce documentaire retraçant son parcours.

Une décennie à Bruxelles, une deuxième à Salzbourg, Gerard Mortier a imposé son nom. Ennemi public n°1 pour les défenseurs d'une certaine tradition d'opéra, référence incontournable pour la modernité du théâtre musical.

Gerard Mortier s'exprime à travers ses choix. Sa démarche : pousser le genre "opéra" à ses limites. En le faisant "exploser" (Mussbach, Neuenfels), ou au contraire, en lui donnant une forme extrêmement raffinée (Chéreau, les Herrmann).

D'une œuvre, que retenir, que préserver, que transmettre ? Ses idées ou sa lettre ? Faut-il respecter la seconde jusqu'au conservatisme ou marteler les premières au risque de la mise en pièces ? L'histoire de la culture occidentale, constituée en un répertoire de chefs d'œuvres, s'est confrontée à cette question depuis un siècle. Et l'opéra plus, peut-être, que les autres.

Il est possible d'affirmer une certitude : les spectacles lancés par Gerard Mortier sont conçus d'une autre manière, selon une autre démarche  : au-delà d'un art de divertissement, Gerard Mortier a voulu leur donner un sens. Il a défendu une idée humaniste de l'opéra, bien en résonance avec la démarche des fondateurs du festival de Salzbourg . Il a voulu évangéliser son public, l'amener à réfléchir, le transformer. Il y a du "sérieux" dans sa démarche. Gerard Mortier parle de "théâtre d'opéra".

Le film raconte comment les idées de Gerard Mortier se retrouvent concrètement dans ses spectacles et en quoi ceci peut déboucher sur un succès ou un échec. Une mise en perspective du travail mené pendant 10 ans à Bruxelles permet de comprendre l'évolution d'une vision au fond si contradictoire. Mais au-delà du discours qui sait séduire, quel est le prix d'une telle démarche : son coût et ses enjeux politiques ? Est-il possible d'assumer les contradictions de cette démarche, entre l'audacieux et le raffiné ? 

Une coproduction Arte, RTBF (Télévision belge) et Bel Air Media - 2001
Réalisation : Andy Sommer